Le secteur de la restauration face à une pénurie d’employés au Nouveau-Brunswick

Pénurie de main-d’œuvre : le cri d’alarme des restaurateurs du Nouveau-Brunswick

Dans les cuisines animées du 180 Resto Grill à Edmundston, Haykel Chelbi jongle avec les casseroles et les horaires, mais aussi avec une incertitude grandissante. Pour lui, comme pour de nombreux entrepreneurs en restauration dans la province, l’annonce récente d’une diminution des cibles d’immigration au Canada représentente bien plus qu’un simple enjeu de politique fédérale. C’est une menace existentielle.

Immigration et restauration : une dépendance cruciale

Le secteur de la restauration, au Nouveau-Brunswick comme ailleurs, fonctionne en grande partie grâce à une main-d’œuvre immigrante, souvent la principale source de personnel en cuisine, en salle ou en gestion. Haykel Chelbi le dit sans détour :

« L’immigration, ce n’est pas juste souhaitable, c’est vital. »

Il fait face, comme ses confrères, à un manque criant de personnel. Depuis plusieurs années, le secteur peine à recruter localement, phénomène amplifié depuis la pandémie. Les files d’attente s’allongent, pas par manque de clients, mais faute de bras pour servir.

Un besoin de 133 000 nouveaux travailleurs

Le ministre des Affaires intergouvernementales du Nouveau-Brunswick, Jean-Claude D’Amours, ne mâche pas ses mots. Selon lui, la province aura besoin de 133 000 nouveaux travailleurs d’ici 2034, répartis entre plusieurs secteurs névralgiques comme la santé, les transports… et bien sûr, les services alimentaires.

Cette prévision repose sur l’évolution démographique du Nouveau-Brunswick, qui conjugue vieillissement accéléré de la population, faible taux de natalité et exode des jeunes travailleurs vers des provinces plus urbanisées comme l’Ontario ou la Colombie-Britannique.

Changement de cap au fédéral : un frein inattendu

En 2025, le Canada annonçait un réajustement des seuils d’immigration, invoquant notamment la pression sur le logement et les ressources sociales. Une décision mal digérée au Nouveau-Brunswick, où les besoins sont bien différents de ceux des grands centres urbains.

« L’approche est trop uniforme, trop centralisée », déplore Jean-Claude D’Amours. Il compte demander une exemption provinciale, espérant obtenir davantage de flexibilité pour répondre aux réalités régionales.

On attend toujours la nomination officielle du nouveau ministre fédéral de l’Immigration par Mark Carney, pressenti pour prendre un rôle de premier plan sous le prochain mandat. D’Amours l’a déjà ciblé pour une rencontre dès sa désignation.

Pour les restaurants comme le 180 Resto Grill, la baisse des seuils d’immigration n’est pas un débat technique. C’est une réalité tangible, quotidienne, et bien souvent décourageante.

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