Royaume-Uni : Des restrictions de visas plus strictes pour lutter contre les abus du système d’immigration

Le Royaume-Uni revoit sa politique migratoire

Face à une hausse notable du nombre de demandes d’asile, le gouvernement britannique prévoit de restreindre l’octroi de visas aux ressortissants de certains pays jugés « à haut risque » d’abus du système migratoire. Selon des sources gouvernementales citées par le Times, cette nouvelle approche viserait en particulier les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigéria et le Sri Lanka.

Ces individus arrivent régulièrement au Royaume-Uni avec des visas d’études ou de travail, mais finissent parfois par déposer une demande d’asile une fois sur place. Cette stratégie, bien que souvent légitime pour certains, est considérée par le gouvernement comme une faille exploitée pour s’installer de manière durable sur le territoire britannique.

Chiffres clés pour contextualiser

• En 2023, plus de 108 000 demandes d’asile ont été enregistrées, un record depuis le début des statistiques en 1979.
• Le Pakistan a présenté le plus grand nombre de demandes avec 10 542 ressortissants.
• Le Nigéria (2 841) et le Sri Lanka (2 862) figurent également parmi les dix premières nationalités demandeuses.
• Le Royaume-Uni a accueilli 732 285 étudiants étrangers en 2023/24, majoritairement originaires d’Inde (107 480) et de Chine (98 400).
• Le solde migratoire a chuté de 906 000 en juin 2023 à 728 000 en juin 2024.

Pourquoi cette baisse brutale de l’immigration ?

Cette récente diminution du solde migratoire s’expliquerait notamment par l’entrée en application, sous l’ancien Premier ministre Rishi Sunak, de nouvelles normes restrictives comme :

• L’augmentation du seuil salarial minimum pour les travailleurs qualifiés étrangers, passé de 26 200 £ à 38 700 £.
• L’interdiction pour les aides-soignants d’amener leur famille en tant que personnes à charge.

Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a confirmé un durcissement à venir :

« Nous collectons des données sur les profils à risque afin d’intervenir plus rapidement et plus efficacement. »

Le gouvernement prévoit de dévoiler courant mai un Livre blanc sur l’immigration censé contenir un plan d’action complet.

Le poids croissant des enjeux migratoires sur la scène politique

Le Parti travailliste, dirigé par Sir Keir Starmer, fait l’objet de pressions croissantes pour prendre des mesures drastiques sur l’immigration. Bien qu’opposé à des « plafonds arbitraires » comme ceux proposés jadis par les conservateurs, Starmer a annoncé vouloir aller « plus vite et plus loin » sur l’encadrement migratoire.

Dans leur manifeste pour les prochaines élections générales, les travaillistes projettent de geler l’immigration non essentielle, sauf dans les domaines en tension, comme la santé. Ils promettent également :

• De criminaliser davantage les réseaux de passage de migrants par voie maritime,
• De renforcer les sanctions contre les employeurs abusant du système,
• Et de prioriser la formation locale pour combler le manque de compétences internes.

Une partie de cette pression vient du parti Reform UK, qui a réussi à capter une part significative de l’électorat dans les élections locales récentes.

Le débat sur l’immigration au Royaume-Uni est plus brûlant que jamais. Entre la volonté politique de combler des lacunes systémiques et les considérations humanitaires bien réelles, l’équilibre reste difficile à atteindre. Ce que l’on sait, c’est que de nouveaux axes de contrôle des visas seront introduits très prochainement, et leur efficacité dépendra largement d’une mise en œuvre mesurée et transparente.